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La place du football dans la tristesse.

Choqués. Déçus. Désespérés. Attristés. Si vous avez vécu ce week-end comme tout le monde ou presque, vous devriez vous retrouver dans ces mots.

Je n’étais pas forcément sûr d’écrire ce week-end, avant comme après les événements. Avant car le temps se fait rare, après car la tristesse l’emportait sur un « moi » désemparé. Mais parfois, ça peut faire du bien, non ?

 
Stade de France, vendredi soir. Les deux explosions retentissent, complètement audibles à la télévision, me donnent un sentiment de déception. En effet, j’aurais tant aimé aller voir ce match face à l’Allemagne, la meilleure sélection au monde en ce moment. La Mannschaft, championne du monde en titre. A l’instar du public, les deux explosions me semblent être ce qu’il y a de plus commun dans un stade de foot un peu ambiancé (bien que le Stade de France ne soit pas non plus réputé pour cela…) et je me dis que vraiment, ça devait être une belle fête du sport ce vendredi soir aux abords du stade. Idiot que je suis…
 

C’est sur Twitter que j’apprends la nouvelle, comme beaucoup d’autres. On signale une fusillade à Paris 10 et deux grenades à Saint-Denis. C’était donc ça. La fête a tourné au cauchemar. Pas réellement au Stade de France en soi, bien que l’on puisse tout de même déplorer un civil tué dans les explosions. Mais tout de même, ce vendredi soir, on a voulu s’attaquer au sport, rien qu’un petit peu mais tout de même.
 
Imaginez que les services de sécurité aient été un peu plus laxistes, comme il y a de ça quelques années. Peut-être seraient-ils passés. Et la donne aurait été totalement différente. Une rencontre à guichets fermés entre deux bastions du sport mondial, qui s’avèrent également être des bastions économiques, politiques et tout ce que vous voulez. Quelles auraient été les conséquences d’un drame de ce type ? Mieux vaut ne pas y penser, la donne étant déjà assez salée comme ça…
 
En dernier lieu, au Stade, rien de plus. Si, un but de Gignac, on ne peut plus anecdotique. Mais pour le reste, tout a bien été géré. Pas d’affolement, pas d’autres attaques, pas d’autres victimes. C’était de toute façon déjà trop. Les joueurs ont appris la nouvelle guère plus tard, sur les télévisions du couloir du Stade. Et quelle a été leur réaction… Consternés. Tous. Sans exception. Chacun essaye de prendre des nouvelles, mais aussi d’en donner. On pense à Antoine Griezmann, qui avait l’ensemble de sa famille à Paris : les uns au Stade, sa sœur au Bataclan. On pense également à Lassana, qui n’a lui pas eu la chance d’avoir de bonnes nouvelles puisqu’il a appris que sa cousine était décédée dans la fusillade.
 
Les allemands n’étaient sans doute pas en reste :quelques proches étaient au stade, d’autres devaient attendre avec angoisse et impatience de leurs nouvelles, de l’autre côté du Rhin. La décision était prise pour la Mannschaft : on ne prend pas de risques. C’est ainsi que les allemands ont passé la nuit dans les vestiaires du stade, pour pouvoir repartir plus sereinement le lendemain. Avec, à leurs côtés les français, qui ont décidés de rester également une partie de la nuit. Par sécurité peut-être, mais également par solidarité avec les allemands. La solidarité justement. On a commencé à la sentir dès la sortie du stade. Voir des centaines de spectateurs chanter la Marseillaise à la sortie du stade, cela donne forcément des frissons. Les premiers d’une longue série.
Après le choc, vient les hommages. Et là encore, le sport a montré ce qu’il avait sur le cœur. Les matchs de NBA du soir même affichaient le drapeau français sur les écrans géants, parfois accompagnés d’une Marseillaise.
En Italie, l’hymne français a été diffusé sur tous les terrains de Série B. Toujours en Italie, toujours en Série B : le club de Spezia a choisi de floquer son maillot d’un « Je suis Paris », mais également du symbole de la triste soirée du vendredi soir, le signe Peace & Love en forme de Tour Eiffel.
Morosini, joueur (et buteur) de Brescia, également en Série B, a également fait fort cet après-midi : à la suite de son but, il a couru prendre un drapeau français en l’embrassant avec nombre de ses coéquipiers.
 
 Le sport a vécu un temps d’arrêt en France ce week-end en revanche : des rencontres de Coupe de France, mais également de Coupe d’Europe de Rugby, de basket ont été reportées… Rares ont été les rencontres disputées ce week-end sur le sol français. Mais le sport va vite reprendre ses droits. Dès mardi, les anglais ont prévu quelque chose de grand. De très grand. Après avoir eu confirmation que la rencontre Angleterre-France se déroulerait malgré les nombreux doutes, médias et supporters se sont mis d’accord sur un point : ils reprendront la Marseillaise, mardi soir à Wembley (déjà paré des couleurs bleu-blanc-rouge). Et rien qu’en apprenant ça, j’ai eu des frissons, en pensant que 90.000 personnes d’un autre pays chantent la Marseillaise, dans un stade paré de bleu-blanc-rouge. Et hier, j’ai eu confirmation de mes attentes. C’était beau. Très beau.
 
Après ses terribles attaques contre tout un peuple et ses valeurs, il faut continuer de vivre. Oublier, certainement pas. Mais aller de l’avant. Le football reste un sport, qui, comme beaucoup l’ont déclaré, passait bien au second plan ce week-end. On parle là d’un loisir, un spectacle où les gens se rendent pour oublier leur galère, pour être joie au moins 90 minutes. Pour s’unir, à l’image de la France ce week-end. Oui, le football devient commercial, où l’argent domine de plus en plus. Mais le football reste avant tout une fête. Et tout le monde chantera désormais plus fort, que ce soit au stade Montpied à Clermont comme au Stade de France, à Saint-Denis, à la gloire du pays, mais également à la gloire du sport, du football.
 

 

À propos Hugo Girard

Amateur de football depuis une certaine finale Milan-Liverpool. Aujourd'hui, le Borussia Dortmund me fait vibrer, au même titre que le Clermont Foot et la Ligue 2 en général. Un bipolaire footballistique donc.

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