Romain Molina : « Je préfère m’enthousiasmer pour un match du Lincoln Red Imps… »

25 juin Romain Molina : « Je préfère m’enthousiasmer pour un match du Lincoln Red Imps… »

Romain Molina, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un journaliste sportif français exilé en Ecosse. Il écrit essentiellement sur le football, pour le blog Kick-Off de l’Equipe ainsi que pour son site, hat-trick.fr, bien que son sport de prédilection soit le basket. Il a récemment sorti son premier livre, Galère Football Club, paru aux éditions Hugo Sport. 


Romain Molina, la passion avant tout…

Bonjour Romain ! Comme expliqué un peu plus haut, tu as sorti un livre en ce début d’année 2015, Galère Football Club. Pourrais-tu nous le présenter ?

C’est un recueil d’entretiens intimistes avec 11 joueurs et 1 entraîneur, qui pourraient former une équipe puisque j’ai choisi un gardien, quatre défenseurs, trois milieux et trois attaquants. Question de symbolique.
Mon idée était de montrer les arcanes du football à travers des interviews longues et humaines. Pour cela, il fallait évoquer différents aspects du football, parfois méconnus ou abordés avec des clichés (dopage, excès, tentations nocturnes, argent, salaires impayés, chômage, blessures, dépression, maladie, faux-agents), tout en faisant voyager le lecteur à travers plusieurs zones géographiques. C’est ainsi qu’on a par exemple la magnifique aventure irakienne de Claude Gnakpa qui a adoré ce pays et le football là-bas.
Tous ont eu une liberté d’expression totale et se sont, dans un sens, mis à nu, ce qui est très flatteur pour moi. Il faut quand même de la confiance et je leur en suis très reconnaissant. Ça montre qu’il n’existe pas uniquement un football d’élite et qu’il y a plein de magnifiques histoires, même si un peu tragiques parfois, autour de ce sport.

Mais tu n’es pas simplement écrivain, tu es avant tout journaliste sportif. D’ailleurs, quel est le joueur avec lequel tu as préféré parler ?

Oulalala, question épineuse. Choix cornélien car j’ai la chance de m’entendre très bien avec plusieurs joueurs. D’ailleurs, petite parenthèse, ne prenant pas du tout au sérieux le football, je considère avant tout le joueur comme un être humain. Le football est son métier, mais ça ne change pas qu’il reste avant tout un homme. On peut s’entendre avec lui ou l’inverse. Je dis ça car on peut reprocher du « copinage », mais ça me fait marrer. Il faut vraiment être un empaffé pour reprocher à deux personnes d’avoir des liens d’amitié se créant dans une société où l’immobilisme social n’a jamais été aussi fort. Mais bref, passons.
Je vais dire Anthony Andreu, qui est à Norwich aujourd’hui. C’est même plus un pote, c’est un ami. Une fois dans un bar à Glasgow, on faisait une interview et on parlait pendant plusieurs de tout et rien, à deviser sur la guerre d’Espagne et Franco. Génial. Maxime Blanchard, qui est à Shamrock Rovers en Irlande, c’est la même chose. Imitateur de génie d’ailleurs, sans compter ses talents à la guitare. Mais je peux aussi t’en citer plein d’autres : Farid El Alagui (Hibernian), Bilel Mohsni (qui part des Rangers), Christian Nadé (qui part de Raith Rovers en D2 écossaise)… J’ai une chance de pendu car j’ai pu rencontrer plein de bons gars.
Ça ne m’intéresse pas de parler de personnes pour qui je n’ai pas de respect humainement de toute façon.

Romain et le maillot de son pote. De son ami pardon, Anthony Andreu (Norwich).

Quel est l’endroit le plus improbable, ou en tout cas celui qui respire le plus le « football vrai », dans lequel tu as pu aller ?

J’ai fait tellement de coins improbables…Et ce n’est pas fini d’ailleurs, je veux à tout prix explorer Gayfield Park (Arbroath, D4 écossaise), le stade le plus proche de la mer au Royaume-Uni, ainsi que Borough Briggs (Elgin City, D4 écossaise) ou Brunton Park de Carlisle United (D4 anglaise).
J’hésite, mais disons Glebe Park de Brechin City, club semi-professionnel de D3 écossaise. Il faut déjà arriver jusqu’à cette petite ville sur la côte est de l’Ecosse, dans l’Angus, où quatre clubs sont serrés au milieu de nulle part. Le stade est unique car il possède une haie autour du terrain. A l’automne, les couleurs sont magnifiques, sans compter le coucher de soleil avec un ciel teinté de rose. La bonhomie des gens, deux belles tribunes, la proximité avec les joueurs, la main courante, la terrace (tribune faite pour rester debout), un club shop magnifique pour un club de cette taille… Glebe Park est l’illustration parfaite de la romance du football écossais. Parfois désuète, mais terriblement enivrante.
Citons aussi Central Park de Cowdenbeath. Ce n’est même pas la piste de Stock-Car ou l’histoire ubuesque du club qui a gagné deux titres de divisions inférieures en…1914 et 1939 (ce qui est assez comique, Ron Ferguson se demandait dans « Black Diamonds & Blue Brazil » si la nature ou Dieu allait accepter un titre de Cowdenbeath sans déclencher une autre Guerre Mondiale), c’est de voir des terraces d’époque, non couvertes, et deux tribunes pour les fans locaux en bois qui craquelle de partout. Epique, surtout quand le groupe de supporters chantant a fait péter un fumigène contre Hibernian, j’ai cru que ça allait exploser.

Depuis que tu es parti en Écosse, suis-tu encore toujours d’autres championnats que ceux que tu couvres pour ton site, Hat Trick (Angleterre, Écosse, Gibraltar…) ?

Mis à part les clubs andalous et ce qui se passe un peu dans les divisions inférieures espagnoles, pas vraiment, non. Je m’intéresse par contre à ce qu’écrit Footballski et Lucarne-Opposée quand c’est axé foot-culture.
Chacun ses goûts ma foi. Je préfère m’enthousiasmer pour Lincoln Red Imps, l’ogre gibraltarien, que pour des matchs de Ligue 1 ou de Ligue des Champions, dont je me fiche éperdument. Chacun sa sensibilité et tant mieux. L’uniformisation des goûts et de pensée, il faut s’en méfier…

L’écriture de ton livre t’a-t-elle motivé pour la rédaction de futurs autres ouvrages ?

Oh que oui. Disons que ce sera aussi par nécessité financière peut-être car si je veux survivre dans ce milieu (l’écriture autour du foot, je ne suis qu’un conteur d’histoires), il faut bien trouver des gens me faisant confiance et me permettant d’avoir un peu de revenus. Je ne peux pas continuer éternellement à bosser comme un acharné pour rien du tout, donc si les livres peuvent me permettre quelques rentrées, ce serait génial. Même si aujourd’hui, je doute que tu puisses en vivre, à moins de sortir un best-seller. Mais sur le foot et avec du fond, c’est encore plus dur dira-t-on.
Je travaille sur plusieurs projets actuellement, très profonds. Je pourrais servir la soupe, mais non. Je veux que ça dépasse toutes les attentes. Les miennes, celles de mon éditeur et de mes lecteurs. De ceux qui me suivent depuis le début aux  nouveaux. Se surpasser, se réinventer, s’accomplir, c’est ce qui motive mon travail.

Je te remercie, Romain, d’avoir pris le temps de répondre avec soin à chacune de mes questions, d’avoir voulu apporter une précision à chaques réponses de ta part. Congratulations, and I wish the best for you !

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Hugo Girard

A loupé la Coupe du Monde 98 de peu, la Ligue des Champions du BVB aussi, mais n'a pas échappé à ce diable de Gourcuff (cf. Christian Jean-Pierre) Supporter du Borussia Dortmund, de Liverpool et du football Auvergnat. Lyonnais depuis les grandes années, footix depuis tout petit en somme.

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