Accueil » L'édito » L’Edito de Coco #6 : Le gardien de but, ce rôle ingrat
Paris Saint-Germain's German goalkeeper Kevin Trapp reacts after conceding a goal during the French L1 football match between Paris Saint-Germain (PSG) and Bordeaux at the Parc des Princes stadium in Paris on September 11, 2015. AFP PHOTO / FRANCK FIFE

L’Edito de Coco #6 : Le gardien de but, ce rôle ingrat

Héros ou zéro, irréprochable ou mauvais, sauveur ou fautif, le gardien de but est un poste souvent source de critiques. Qualifié de « dernier rempart », le gardien de but ne reçoit pourtant que trop rarement la reconnaissance dont il devrait faire preuve. Exemple dimanche dernier : l’OL remporte le derby face à l’ASSE 2-0. La première chose dont se souviendra un supporter lyonnais est, de manière générale, le match monstrueux de Nabil Fekir ou encore le magnifique but de Rachid Ghezzal qui scelle le sort du match. Or, Anthony Lopes a réalisé une parade sensationnelle qui a empêché Saint Etienne d’égaliser et qui a, par la suite, permis à l’OL de réaliser le break. Et que dire du match exceptionnel de Stéphane Ruffier, qui a maintenu son équipe dans le match à 1-0 en remportant pas moins de 3 duels, mais qui restera malheureusement dans l’ombre du score final côté stéphanois. Aujourd’hui, j’ai donc décidé de consacrer cet édito à toi, gardien de but. Le temps de quelques minutes voire plus, j’ai décidé de défendre ta cause petit prince.

Des conséquences directes et indirectes trompeuses

On se souvient plus facilement d’une boulette d’un gardien que d’un raté d’un attaquant, ce n’est pas nouveau. Quand tu as vu la photo mise en avant sur cet édito, tu t’es aussitôt souvenu de la boulette de Kevin Trapp face à Bordeaux. Tu t’en souviens parfaitement même. Mais est-ce que tu te souviens de la boulette de Cédric Carrasso sur le premier but parisien ? Soit tu es supporter parisien ou bordelais et tu t’en souviens sûrement, soit tu es un supporter lambda d’un autre club de Ligue 1 et tu ne t’en souviens pas spécialement. Et tu sais pourquoi ? Parce que l’erreur de Carrasso n’a pas eu d’influence sur le résultat bordelais, alors que l’erreur de Kevin Trapp a fait perdre deux points au PSG.

On pourrait donc se dire qu’un raté d’un attaquant, par exemple, pourrait être aussi marquant. Pourtant, ce n’est pas le cas. Pourtant, la finalité est la même. Marquer un but ou ne pas concéder un but, ça permet de creuser un écart ou de conserver l’écart par rapport à l’équipe adverse. Si le gardien commet une erreur évitable et concède le but, ça fait un « écart » pour l’équipe adverse. Et si l’attaquant manque une occasion qui aurait dû aller au fond, ça fait aussi cet écart (ici conservé) pour l’adversaire. La seule différence, c’est que la boulette du gardien est visible au tableau d’affichage, tandis que le raté de l’attaquant est un manque au tableau d’affichage, donc pas directement visible. Donc une conséquence indirecte, contrairement à l’erreur du gardien qui est une conséquence directe. Traitement de faveur ? Non. Mais une incrimination injuste.

Autre exemple qui va parfaitement illustrer mon argument suivant : l’Atletico Madrid. Une équipe qui défend ensemble, qui est solidaire, qui joue en contres et qui est rudement efficace, pour tout amateur de football. Et ce n’est pas faux. Mais ce n’est pas entièrement juste non plus. Leur réussite est aussi due à Jan Oblak, gardien de la formation madrilène. Il sait notamment se montrer quand son équipe accuse un contrecoup physique en seconde mi-temps en réalisant des parades importantes. Mais la lumière est souvent mise sur les quelques buteurs et buts ô combien importants de l’Atletico ou encore sur le coach Diego Simeone. Ce n’est pas non plus immérité, mais cette réussite est la réussite de tout un groupe. Dont celle de Jan Oblak, qui joue un rôle plus que primordial dans ce collectif : celui de conserver l’écart pour l’Atletico Madrid.

Le moment confessions

Plus jeune, j’ai joué au foot de 6 à 15 ans et j’étais gardien de 8 à 15 ans. Je me souviens d’un match en catégorie U15. Sur un corner, je rate ma sortie des deux poings et je dévisse le ballon dans mes propres filets. L’équipe adverse menait 1-0, ça fait donc 2-0. Je me souviens qu’un coéquipier me fait une remarque moqueuse en me disant « Bien joué ! » en applaudissant. Sur le coup je m’en moque, même si ça fait jamais plaisir et que l’erreur t’atteint psychologiquement sur le reste du match et que le doute s’installe. Mais avec le recul, sans vouloir rejeter la faute sur les autres parce que j’assume ma part de responsabilité aussi, je repense au numéro 9 de mon équipe qui, lors de ce match, manque un face-à-face et surtout une occasion où le gardien adverse était battu. C’étaient deux occasions pour revenir à 1 partout.

Au final, l’adversaire réalise le break quelques minutes plus tard, alors que le scénario du match aurait pu être totalement différent. Mais l’histoire se souviendra de mon erreur fatale pour mon équipe. Parce que c’est une conséquence directement visible au tableau d’affichage. Et parce que le raté de mon attaquant n’est qu’une conséquence indirecte et invisible sur le tableau d’affichage. Invisible, et c’est bien justement ça le problème. Et ce n’est qu’un éternel recommencement.

À propos Corentin

Tipster Twitter, sous @cocobido. Recruté le lendemain de la victoire de Caen 3-2 à Marseille (cote à 7.00) le 27 février 2015. Ici pour vous aider à gagner, mais mes pronostics n'engagent personne, si ce n'est moi !

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :