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Le Portugal, un champion en béton ?

Critiqué, dévalorisé et raillé pendant près d’un mois, le Portugal n’a pas fait l’unanimité mais même si cela fait mal à certains la bande à CR7 est championne d’Europe.  Retour sur le parcours un peu fou de la Seleção !

(23h19, Saint-Denis, Stade de France, le Portugal ouvre le score par l’intermédiaire d’Eder en finale de l’Euro 2016 face à la France.

23h32 le coup de sifflet final retentit, le peuple français s’écroule pendant que 11 millions de portugais laissent éclater leur joie, leur pays vient de décrocher le premier titre de son histoire.)

Des débuts poussifs

Champion d’Europe 2016, qui l’eut cru un mois auparavant ? Pas grand monde c’est certain. Cette victoire finale est encore plus surprenante quand on observe de plus près le parcours de l’équipe de Fernando Santos. Leur Euro a débuté le 14 juin à Saint-Etienne face à la l’Islande. Très dominateurs les lusitaniens se sont cassés les dents face à ces surprenants islandais et après avoir ouvert le score, se sont fait rejoindre sans jamais parvenir à reprendre l’avantage. Un début poussif donc et un seul petit point dans la musette pour le favori du groupe F.

Lors du second match face à l’Autriche, le Portugal se trouve là encore dominateur mais ne parvient pas à marquer à l’image de son capitaine, Cristiano Ronaldo qui envoie son penalty sur le poteau. Le match se solde par un 0-0 et le Portugal se retrouve déjà dos au mur.

Le troisième et dernier match de poule face à la Hongrie est donc décisif pour les portugais. Seulement rien ne se passe comme prévu puisqu’à la 19ème minute les Hongrois prennent l’avantage. Le Portugal est alors éliminé de l’Euro mais comme souvent, le pays va s’en remettre à son héros, Cristiano Ronaldo.  Peu avant la mi-temps le madrilène trouve Nani qui ajuste le gardien au survêtement et le Portugal revient à égalité. Mais juste au retour des vestiaires le Portugal se retrouve mené 2-1 après un second but des Hongrois. Touché dans son orgueil Ronaldo égalise d’une magnifique madjer. On se dit alors que le Portugal va tout faire pour essayer de marquer un 3ème but et prendre l’avantage. Mais c’est mal connaître le Portugal, très fébrile défensivement la sélection subit encore les assauts hongrois et se fait surprendre en encaissant un troisième but, là encore sur une frappe contrée. Maudit, c’est le mot qui semble correspondre aux portugais à ce moment-là. Oui mais voilà dans leurs rangs les portugais compte un triple ballon d’or qui vient sauver son pays d’une tête rageuse à la 62ème minute. 3-3 un match fou donc mais un match qui a s’en doute servi de déclic pour les lusitaniens. Menés trois fois, ils ont su revenir trois fois pour arracher cette troisième place synonyme de 1/8 de finale.

Le Portugal, roi du suspens

À ce moment-là on ne voit pas comment une équipe qui n’a pas gagné un seul match dans une poule qui semblait largement à sa portée pourrait continuer sa route. Encore plus lorsque l’on voit la lenteur de leur jeu et leur fébrilité défensive.

En 1/8 de finale se dresse devant eux la séduisante et redoutable équipe de Croatie. Tout le monde ou presque voit les croates l’emporter facilement mais de nouveau le Portugal surprend son monde. À l’issue de 90 minutes bien pauvres qui ressemblaient fortement à un match de Ligue 1 du samedi soir, les deux équipes s’en vont goûter aux prolongations. Après 116 minutes de jeu le score est toujours de 0-0 et on se dirige tout droit vers les tirs aux buts mais c’était sans compter sur le gitano portugais, Ricardo Quaresma, qui vient pousser le ballon au fond des filets après une frappe de CR7 repoussée par Subasic. Au bout du bout, le Portugal se qualifie pour les 1/4 de finale et élimine une des meilleures équipes de cette Euro 2016.

Le scénario du match contre la Pologne ressemble fortement à celui du match précédent face aux croates. Les deux équipes se neutralisent (1-1) au terme des 90 minutes, mais également après les 30 minutes de la prolongation. Tirs au but donc. Cette séance va donner lieu à un drôle de moment, Cristiano Ronaldo allant chercher Moutinho sur le banc pour le motiver à venir tirer son tir au but. Résultat de la séance ? 5-4 pour le Portugal qui peut remercier son gardien, Rui Patricio qui a réalisé un superbe arrêt sur le tir de Błaszczykowski.

À la surprise générale le Portugal est en demie, encore au bout du suspens mais il y est. À ce stade il retrouve le Pays de Galles, surprenant vainqueur de la Belgique au tour précédent, pour un match dans le match entre les deux stars du Real Madrid Cristiano Ronaldo et Gareth Bale.

Et dans ces matchs importants, on retrouve toujours les grands joueurs et c’est le cas lorsqu’à la 50ème minute CR7 s’envole au-dessus de tout le monde dans le ciel lyonnais pour mettre sa « cabeça » et débloquer la situation. Cinq minutes plus tard, c’est lui délivre sa troisième passe décisive pour le troisième but de Luis Nani. Le Pays de Galles est KO, 2-0 en cinq minutes le score ne bougera pas et le Portugal est en finale.

Un match pour l’histoire

 La finale, ce même niveau où 12 ans plus tôt la Seleção avait failli chez elle face à la Grèce.  Un véritable traumatisme dans toutes les têtes avant d’affronter les français, mais cette fois les portugais sont déterminés à l’image des paroles de leur capitaine Cristiano Ronaldo « Je crois que c’est possible, comme mes coéquipiers, comme tout le pays et comme les émigrants ici en France. Nous devons être positifs, parce que je crois que dimanche ce sera la première fois que le Portugal va gagner un trophée important ».

De la confiance donc dans les rangs portugais mais elle a vite été chassée par le doute lorsqu’à la 9ème minute de jeu Payet vient percuter involontairement le genou gauche de Ronaldo qui s’effondre de suite. Malgré les efforts de la star portugaise, il est obligé de quitter les siens en pleurs et sur civière. Le Portugal perd alors son meilleur joueur et tout le monde se demande comment le trophée va-t-il pouvoir échapper à la France. Touchés par la sortie de leur coéquipiers et désireux de l’emporter, les portugais font preuve de solidarité et se comporte en équipe comme ils l’ont fait tout au long de la compétition. Une équipe avec des valeurs, qui défend bien et qui s’appuie sur un grand Rui Patricio, le portier a maintenu les siens en vie grâce à 7 parades de grande classe. Infranchissable et chanceux sur la frappe de Gignac qui vient percuter le poteau,  Rui Patricio permet au Portugal d’aller en prolongation.

Ces dernières seront fatales aux français. D’abord avertis après un coup franc de Guerreiro sur la barre, les français se font punir par Eder qui après avoir résisté à Koscielny vient tromper Lloris d’une frappe croisée de 25m. La messe est dite et rien ne semble pouvoir arriver aux portugais qui bétonnent (vous l’avez ?) derrière. Ronaldo revenu sur le banc de touche pour encourager ses coéquipiers, ne tient plus en place et semble oublier la douleur. Du cauchemar, il bascule dans un rêve ; lui et son pays deviennent champions d’Europe !

Alors oui, le Portugal n’a gagné qu’un match en 90 minutes, oui leur jeu n’était pas des plus attrayants, oui ils ont parfois eu de la chance. Mais n’oubliez pas que ce Portugal est invaincu, et si personne n’a réussi à les battre c’est qu’il y a une raison. Le Portugal a réussi à faire déjouer tous ses adversaires en cassant le jeu, elle est l’équipe qui a commis le plus de fautes dans la compétition (92). Idem pour les stars qu’elle a affrontées, Modric, Lewandowski et Bale qui n’ont pas réussi à exprimer leur talent,  muselés par une défense portugaise emmenée par un Pepe monstrueux. Pour rappel le Portugal n’a encaissé qu’un seul but lors des phases éliminatoires et Rui Patricio n’est pas étranger à cela, auteur de 20 arrêts il est le deuxième gardien le plus sollicité de la compétition.  L’équipe a également pu compter sur ses remplaçants comme Bruno Alves qui a parfaitement remplacé Pepe en demi-finale, ou encore Quaresma qui a été tranchant à chaque rentrée.

Fernando Santos a lui aussi tenu un rôle majeur en faisant des choix forts, il n’a pas hésité à sortir Moutinho, Vierinha et Andre Gomes du 11 type. Eux qui n’ont jamais convaincu et ont toujours été limite voir mauvais. Pour les remplacer,  Adrien Silva, Cedric et la jeune pépite Renato Sanches, des choix judicieux. Exit aussi le 4-4-2 à plat et place au 4-1-3-2 qui a permis à l’équipe de retrouver un équilibre au milieu de terrain.

On peut également saluer son audace lors de la finale lorsqu’il décide de faire sortir un milieu de terrain en la personne de Renato Sanches pour Eder avec la réussite qu’on lui connaît.

Le duo d’attaque Ronaldo-Nani s’est lui aussi montré à la hauteur en inscrivant 6 des 9 buts portugais mais a également et étonnement défendu lorsque l’équipe n’avait pas le ballon.

De la solidarité donc, un sélectionneur futé, du pragmatisme, un mélange d’expérience et de jeunesse et le soutien total de toute une nation, là on s’en doute étaient les clefs de la réussite portugaise.

À propos Maxime Oliveira

Fan de l'AS Monaco depuis l'épopée européenne de 2004. Suiveur du foot portugais, espagnol et anglais. Même un Stoke City - Crystal Palace m'intéresse... mais amoureux du beau jeu tout de même !

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